La Lastra-Villabuena (Soria)- 280 km
Le 15/08/2004 lors de notre sortie club en Espagne, nous sommes montés au décollage de La Lastra del Cano, à quelques kms du fameux site de Piedrahita.
Nous sommes dimanche et nos prévisions datent de vendredi. Elles annonçaient Sud-Ouest faible à modéré.
Marc Nossin, Thierry Roine et nos amis Belges Olivier Legrand, Wim Verhoeve et moi-même sommes sur place à midi. Nous connaissons bien ce déco et savons qu’en raison de son orientation, les thermiques du matin son souvent puissants.
Le SO annoncé est bien là. Quelques minutes après avoir décollé, je prend mon plus gros thermique de la journée: +6,2 intégré. La montée en 360 serrés est rapide et je vois le déco rapetisser à vue d’oeil.
Thierry est scotché, prend une claque, fait deux tours d’autorotation et ira se poser rapidement.
Wim nous gratifie d’un décrochage asymétrique en entrée de thermique et va se poser aussi.
Prudent, Marc ne décolle pas et Olivier se glisse dans l’ascendance.
La plaine qui s’ouvre sous nos ailes à Olivier et moi est toujours aussi belle. Du jaune à perte de vue et des petits reliefs vert foncé.
La première pompe nous satellisera à 2900m, il est 12h42. La traversée de la 1ere plaine n’est pas évidente. Comme toute la région, elle est à 1000m d’altitude et son activité thermique commence rarement avant 13h30. Nous nous accrochons donc Olivier et moi a toutes les bulles que nous trouvons. Je décide de négocier le col qui verrouille l’extrémité NE de la plaine par un côté où je n’ai jamais volé auparavant. Ca passe mais j’y laisse pas mal d’énergie.
Derrière le col de Villatoro, je retrouve la plaine d’Avila que je longe sur son flanc Nord. A 14h15, a 300m/sol il fait si chaud que j’ouvre ma combi et ma polaire. C’est le point crucial du vol. Au nord se forment les 1ers cums très haut dans le ciel mais jamais je n’ai été si proche du sol.
Je quitte alors la plaine pour m’engager sur les petits reliefs d’ou je suppose que partent les thermiques. Ca monte super mal, je bataille fort pour rester en l’air, un oeil sur la rue qui se forme et l’autre sur tout ce qui peut m’aider en l’air. Enfin à 14h35 j’entre dans l’ascenseur et appuie sur l’étage 3700. Ensuite, c’est la ballade entre 2500 et 4000m poussé par un SO de 30km/h.
Je retrouve Olivier au km 100, et nous cheminerons ensemble jusqu’au km 200.
Vers 16h, alors que nous montons dans une bonne pompe, Olivier fait une demi voile et je le gratifie d’un “OLE !” à la radio. Abattée, re-fermeture, re-abattée, ça tangue fort et va plutôt en s’amplifiant. Il décroche sa Bliss et ça dure un certain temps. En 30 secondes, il perdra pas mal de gaz. Il ne m’entend pas quand je lui hurle dans mon micro de relever les mains. 300m plus bas, il ré-ouvre sa voile et reprend le thermique. Pas de bobos, juste une suspente cassée.
Au km 200, à la faveur d’une transition un peu mieux négociée, je perdrai Olivier. Il se posera à 235 km, à côté de sa voiture où Anne l’attend avec moult boissons et biscuits.
Je suis encore à 3500, il est 18h30. Je fonce alors vers le dernier nuage. Même si je ne reprends pas, le record d’Espagne sera battu dans mon plané final.
A 19h10 et à 2000m je trouve un +4 salvateur matérialisé par les vautours. Pas le moins du monde impressionnés, nous enroulons ensemble dans le soleil couchant. Ce dernier plaf me fera glisser pendant 40mn vers les 280km. Quarante minutes de bonheur au terme desquelles je pourrais enfin satisfaire à un besoin naturel devenu… pressant, et surtout laisser exploser ma joie.
Patrice QUILLET
Image satellite du vol (103 ko)
Image 1.000.000e du vol (285 ko)
Image 400.000e du vol (1,14 Mo)
Trace IGC du vol (101 ko)
Courbe Barométrique du vol (101 ko)