Yannick et François (et Jean-Marc) en ballade dans le vexin français - Lalandelle vers le SSW

Nous étions revenus sur Lalandelle avec François pour en découdre dans ce météo soutenu ce 8 mai.
Le soleil est là, mais aussi bon nombre de pilotes sortis de leur tanière, le site a des allures de 'spot' à la mode vu la fréquentation , mais aussi incontournable quand le vent est modéré.
J'aime bien ce fameux déco Nord avec sa pelouse large et sa repose au sommet facile, juste cette difficulté à sortir du déco quand le vent rentre mais j'ai bien compris qu'il suffisait de partir du tiers inférieur de la pente pour passer…


Nous serons trois au départ, trois en l'air à patienter dans ces conditions musclées, ventées mais nullement dangereuses en restant calmes et patients.
François est toujours là quand c'est fort, mais un revenant en la personne de Laurent Balucci en Oméga 4 fait office de troisième.
On est bien en attente au dessus du champ de colza, tous les trois, là où le thermique déclenche toutes les 5 minutes et c'est plus calme que sur les cotés du site.

Nous nous savons observés de l'autre déco où tout le monde a décidé de se regrouper quand tout à coup le réveil du monstre s'opère…
Rapidement face au vent nous sommes gratifiés d'un bon 3 m/s, le thermique est costaud, ça se sent, il est large et profond, il commence à tirer fort le bougre, tous les trois au même niveau nous laissons embarquer, celui-ci défie le météo, s'en affranchit même et monte à la verticale.
Un tour de temps en temps pour se recaler, je réussis à trouver le noyau en arrière, Alain m'encourage à avancer tandis que je mets l'aile sur la tranche pour enrouler sportivement un vario qui passe de 4 à 6 m/s permanent.
La catapulte m'envoie au nuage sans perdre de temps, j'ai carrément mis plus de 300 m à mes complices.
Je me permets de rentrer dans les barbules encore à 2 m/s, et redoutant l'arrivée rapide de François je décide de sortir du nuage coté soleil, je patiente dans cet air calme, la visibilité n'est pas des meilleures.
Dès que Laurent fut à notre portée, François décale et suit le thermique sur le centre de la forêt de Lalandelle.
Je regrette de ne pas avoir l'appareil photo et me concentre sur un travail large dans de petits varios.
A ce jeu, Laurent va perdre et nous laisser continuer.

Je crois me souvenir que nous sommes restés hauts, tournant l'un autour de l'autre, parfois à cent mètres, parfois à se toucher, mais le résultât de notre complicité est là, on s'épaule bien , et le plus haut toujours rejoint par le plus bas.
Le thermique n'a qu'à bien se tenir, on le balise.
Cependant comme toute vallée, celle de Sérifontaine va nous descendre et nous servir qu'une maigre compensation sans illusion, je suis un peu devant et ne m'attarde pas, je repère deux beaux champs dans le lit du vent, François me rejoint et rebondissant assez bas sur le premier, 150 m/sol, celui ci me propose le second bien sous le vent d'un bois.
En bord de fuite nous trouverons notre salut, en ratissant nous évaluons rapidement l'axe et décalons tous les deux ; ça y est, la pompe nous permet de remonter au nuage dans un vario moyen mais bien entretenu.

François inquiet me demande plusieurs fois où nous sommes, il est tenté d'aller dans le gris, je lui propose de rester sur les barbules au soleil et de descendre la rue ainsi.
Longtemps nous allons traîner , glaner ce qui monte, mettre à l'épreuve toute cette théorie de rester haut sous un nuage, nous ne sommes pas pressés, juste ravis d'en profiter au maximum.
Un moment je tourne un petit jusqu'à me retrouver encore bien haut, à la sortie je cherche mon associé et ne vois personne, gloups, où es-tu ?
Finalement je vois son XMX très en dessous tout en bas , j'avance à peine, le regarde, l'attend.
Sur un barbule suivant j'observe le zigoto qui tourne, ça y est il remonte, et refait surface, distant de 500 m, nous allons nous rejoindre.

Conscient que le rythme est lent, et gavé de 'plafs', je pars de l'avant, un planeur nous tourne autour juste au-dessus et s'en va.
J'ai quitté cette zone où tout semblait serein, j'avance mais me retrouve à une côte moins honorable, 700 m, 600… je suis encore bien, et tout-à-coup en dessous d'une altitude retrouve le météo, inexistant en altitude : le vario se noircit dans le mauvais sens… Encouragé par François je n'arrive plus à cerner la moindre bulle… je suis hors cycle.
La xmx avance et me dépasse, je cherche, tourne au dessus des champs presque entre ombre et soleil, rien ne donne, je fonce alors sur ma dernière chance.

Un tout petit village, deux rues à la perpendiculaires… une église et une mini place derrière une zone avec pavillons épars et herbe…
J'arrive avec 100 m sur le bled, passe sur l'église, le centre, rien n'opère, un virage à plat, un second, 50 m : je suis mal. J'entends les gens dans les jardins qui me hèlent, les enfants sifflent, quelques joueurs sur le petit stade de foot arrêtent le ballon et me regardent…
Un champ, des arbres une ou deux lignes et ce stade, le décor n'est pas encore sordide.
Je comprends que mon vol est fini quand je pars vent de cul vers le stade au dessus des toits… je suis près quand tout à coup je ressens une brève secousse.
Je suis si bas que le simple fait d'imaginer me remettre face au vent et de remonter vers le village me hante et pourtant je le fais.
A 40 m du sol, j'ai la rue principale devant moi et cette fois je me prends une petite baffe coté droit, ok je 'ripe' à droite et reviens pile dans la rue et re….
Finalement je découvre un thermique violent couché comme jamais et qui me pousse dans une autre direction.
Ok je m'adapte, met l'aile sur la tranche à chaque baffe et fais ce tour si précieux et gagne 10 mètres par 10 mètres…
Le combat est dur mais je suis très agressif et remonte, les gens ont du avoir du mal à comprendre ce qui se passait au-dessus de leur tête.
Je reprends 400 m et à chaque tour, aperçois François au loin pas si haut, celui-ci semble attendre.
Au résultat, nous allons l'un et l'autre arriver au bord de la forêt qui surplombe la seine entre Vernon et Courcelles/Seine, distants, nous allons nous rapprocher, sur un même champ, et tout doucement nous faire avoir : stabilo contre stabilo face au vent et nous poser dans la même seconde.
Cette vision est irréaliste, après avoir fait 42 km de cross et poser ainsi encore ensemble et on ne peut plus prés, en ayant eu la patience de nous attendre l'un l'autre, d'avoir pris notre temps et de goûter à l'essentiel de notre activité.
La magie est encore là et me donne la pêche.

Quel pied de nez nous fait Jean Marc, bien plus tard en se posant à moins de 500 m de notre rond-point de récupe , Dominique qui nous fait la surprise de venir nous récupérer quand nous commencions à trouver le temps long, et nous sommes revenus sur site à 4 dans la Clio de François, ailes comprises …

Cette journée, ce site, ma Sigma, tout était parfait si nous avions passé la Seine…

Yannick

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