Dimanche 10 Avril 2016
Il est 9h du matin. Un petit groupe composé de 4 gaillards part de Paris pour les grands espaces, là où on vole. Le choix d'un site est restreint par la présence de rafales sur beaucoup d'entre eux. La décision est prise la veille. Le décollage de Saint-Martin-sur-Armançon accueillera donc David, Pascal, Pierre et moi-même.
Il y a déjà du monde en l'air quand on arrive vers 12h30. Une bonne dizaine de voiles quasiment toutes en train de monter en soaring au-dessus du déco. Pascal est le premier à décoller, il trépignait d'impatience dans la voiture depuis quelques kilomètres déjà. 5 minutes après notre arrivée, le voilà en l'air. C'est moi, le piou-piou des 4, qui pars en second. David m'encourage au décollage et me donne quelques conseils de positionnement. Un petit topo est fait sur l'atterro avant. Je pars face voile car ça souffle pas mal et ça va me permettre de roder un peu plus ce type de démarrage que je n'ai pas beaucoup pratiqué au final. La suite va me donner raison sur le travail qu'il me reste à faire à ce niveau. En effet, une fois ma voile au-dessus de moi, je me fais arracher du sol directement. Je pars donc twisté mais avec une voile positionnée proprement. David me crie "C'est bon! C'est bon!" Effectivement j'ai juste à la laisser partir droit. Je me dé-twist en évitant soigneusement de tirer sur les commandes au passage. Je donne juste un petit coup pour corriger la trajectoire. Me voilà en l'air devant le déco. Il y a de part et d'autre de la zone de départ des zones de cailloux un peu plus chaude. Voyant la plupart des ailes au-dessus de celui de droite, je me dis qu'il faut s'y fier. Ah oui, j'ai oublié de vous dire; je n'ai aucune expérience de soaring ou de thermique. Bref j'entre dans l'inconnu en terme de sensations. Je réussis à monter mais je ne sais pas à combien car je ne n'avais aucun instrument de vol. Et je fais aussi attention à ne pas me faire reculer dans les arbres. David et Pierre décollent. Après leur ascension, les voilà partis tous les trois en cross. Je fais quelques essais de contact radio pour savoir où ils sont mais sans trop de succès. Paradoxalement, nous sommes plusieurs à entendre des libéristes passant à côté de Remiremont dans les Vosges. Faudra qu'on m'explique. Après presque 1h30 de vol en restant au-dessus du déco, mon record absolu (qui était un vol de 20 minutes en montagne), je pose plus ou moins de manière voulue. Ca faisait quelques minutes que j'étais beaucoup moins actif dans mon pilotage et je me laissais descendre un peu. Puis je me suis retrouvé pris dans des vents de face un peu fort et me suis fait reculer derrière le déco. J'ai donc choisi que c'était le moment d'aller poser un peu plus loin. Les autres m'avaient prévenu qu'il ne fallait surtout pas que je pose juste derrière du fait des turbulences. Malgré la distance de sécurité prise, il y avait encore des turbulences près du sol. Celles-ci m'ont empêché de me retourner pour me poser face au vent. Avec le recul, je me dis que c'est une erreur de ma part. J'aurai pu le faire en prévoyant un peu plus. En tout cas je pose vent de cul avec un magnifique 'faceplant' dans la caillasse. Sans aucune gravité néanmoins. Je me suis pris une petite ressource. Conscient que je suis en plein milieu d'un champ cultivé, je fais bien attention à marcher dans les roues de tracteur pour ne pas écraser les cultures. J'ai 500m au moins pour revenir au déco mais par chance, un gars passe en voiture pour aller au déco et me propose de 'vraquer' derrière: "Eh bien je crois que ça ne se refuse pas" lui dis-je.
Arrivé à la voiture, je m'aperçois que j'ai loupé un appel de David. Et c'est l'histoire de la mission récup qui commence. Je n'arrive à joindre personne car entre celui qui a un téléphone qui déconne ou l'autre qui n'a pas de réseau, c'est le bazar. Pascal arrive quelques minutes après grâce à un gros coup de chance. Des hollandais l'ont pris en stop et il venaient là. N'arrivant pas à joindre Pierre ou David, on regarde si on ne peut pas décoller à nouveau. Cependant tout le monde est planté au sol. Le vent est trop fort même pour les plus aguerris. Trois quart d'heure plus tard environ, des nouvelles de Pierre et David. Et ils ne sont pas tout près les gredins !
Bien que nous ayons tous les trois volé pendant 1h30 environ, leurs traces ne sont pas vraiment les mêmes. Pascal s'est fait plaisir avec un plafond à 1300m et une dizaine de kilomètres. Quant à Pierre, il pose au bout d'une trentaine de kilomètres près de Sormery. Le record (record perso d'ailleurs) est détenu par David avec presque 50 kilomètres et posé près de La Grande Jaronnée. Pour un vol de reprise, c'était vraiment chouette. David devait donc nous payer un coup. Mais, malin le bougre, il a rencontré un couple de retraité qui lui a offert un petit verre de cidre en attendant que l'on vienne le chercher ! Il était d'ailleurs avec un autre parapentiste s'étant posé pas loin de lui, Vincent. Lorsque l'on arrive sur place, nous remercions le couple d'avoir pris soin de lui. Le monsieur nous invite alors à boire un coup également. Evidemment, nous acceptons sans nous faire prier. Notre hôte nous apprend qu'il fait le cidre lui-même et répond à Pascal qui l'avait un peu charrié en défendant son terroir de Normandie. Le cidre est corsé, sept degrés quand même, les bulles sont fines et le goût reste en bouche assez longtemps. Il est également assez sucré. Je lui demande si il vend des bouteilles pour que je lui en prenne une et nous voilà reparti avec une bouteille offerte à chacun ! Le couple précise qu'il ne vend pas, il donne. Les vols qui se terminent comme ça, j'en veux bien tous les jours !
Pierre, dans sa grande bonté, a décidé de ramener Vincent au déco pour qu'il récupère sa voiture et qu'il puisse ainsi rentrer chez lui. Pascal, téméraire se pose la question de décoller à nouveau. Le vent est plus laminaire. Mais ça reste fort et comme il le dit si bien, le bruit que celui-ci occasionne dans les arbres derrière ne le conforte pas. Ce sera pour une prochaine fois. Le retour à Paris se fera avec un magnifique coucher de Soleil.