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Voici 3 récits du SIV effectué par quelques membres du club en Avril 2017 chez Plaine Altitude, au dessus du lac de Lery Poses. Olivier, Karim et Fabien.


Récit d'Olivier

C'est reparti, paré pour mon deuxième SIV. J'ai des souvenirs de vols tendus, d'avoir les flubes avant chaque décollage, le réel soulagement n'intervenant qu'à l'ultime atterrissage. Ça s'était bien passé finalement, je n'avais pas « fini le programme », mais j'avais incontestablement passé un cap, et d'ailleurs a-t-on jamais vraiment fini le programme ? Depuis cette première expérience, je vole avec ma ventrale desserrée. J'ai souvenir des quelques incidents de vol au sortir desquels je m'étais demandé : « Tiens, est-ce grâce à ce SIV ou à ma voile qui pardonne que je m'en suis si bien tiré ? Ou à mes heures de vol tout simplement ? » Va placer le curseur… En tous cas c'est reparti pour un tour.  

Samedi

L'ordre de passage me désigne premier. Ça me va bien, pas le temps de gamberger à regarder les copains se foutre la tête à l'envers en se demandant quand ça va être notre tour. 

C'est reparti pour les exercices classiques qu'Hervé nous fait reprendre dans l'ordre, tangage avec stop de l'abattée, fermetures asymétriques gardées successivement sur cap, 1/4, 1/2 et 1 tour complet, avant le contre. Et la dernière, l'autorotation, où l'on attend suffisamment longtemps pour s'installer dans une rotation où la voile avance et le pilote recule. 

C'est la partie la plus pénible, parce qu'il faut maintenir ces fermetures avec les doigts, sous une voile saine qui ne demande qu'à réouvrir, ça découpe les chairs à travers les gants sur environ un demi-centimètre de profondeur. Enfin de largeur plutôt. Enfin j'avais un bobo quoi, mais j'ai même pas pleuré. Mais ça vaut le coup de se mettre des sparadraps et autres sur le tranchant de la main ou les phalanges, juste par confort. Certains l'ont fait. 

Dimanche

Je n'ai pas bien dormi.

Troisième vol, la météo fraîche au sol devient franchement froide à 800m. Je suis tracté au dessus des cumulus de ce matin, le soleil dans le dos. Je vois un arc-en-ciel se refermer en un cercle-en-ciel complet. On appelle cela un spectre de Brocken. Pour que ce soit un vrai, validé par les instances, avec du poil aux pattes, il parait qu'il fallait que mon ombre soit au beau milieu. J'ai pas fait gaffe à ce qui m’apparaît comme un détail, c'était un moment fugitif et merveilleux. 

Ensuite je lance l'exercice qui m'avait tant coûté la 1ère fois, le tangage jusqu'à provoquer la fermeture frontale. Je m'en suis excellemment sorti. Aucune appréhension mentale, comme quoi on progresse. J'envoie un beau vrac qui part de travers et que je récupère en un 1/2 tour avec contre quasi-immédiat. Je suis très content de ma petite personne. 

Olivier avant sa fermeture frontale

Puis des 360 sortie-chandelle, qu'il m'a fallu ré-apprivoiser, avant de réussir à piloter la ressource et même être capable de sortir sur un axe prédéfini. J'avais décidé d'anticiper mon contre en prévision d'un retard entre la pensée et l'action. Hé bien, de retard il n'y a pas eu. Ce qui fait que je suis sorti AVANT l'axe que j'avais parfaitement repéré. Je suis très content de ma petite personne.

Le soir après séchage du matos et du bonhomme, le débriefing du plouf de Fred, sous les yeux de sa femme (au passage, merci pour tout Caroline) nous emmène un peu tard. Cela nous a permis d'apprendre vidéo à l'appui qu'un parachute s'ouvre par dépression sur l'extrados, et PAS DU TOUT par le bord d'attaque. Avec tout ça on n'a pas bouffé. Je suis complètement nase mais je me force à prendre le temps de manger parce que demain est un autre jour, soit, mais un jour de SIV tout de même, et il faut faire du carburant. 

Lundi

Je n'ai pas bien dormi du tout. Au petit déj, je me sens flagada, je suis rincé. Je préviens Hervé au décollage que je suis limite au niveau physique et par conséquent que mentalement, j'ai pas les crocs non plus, juste pour qu'il le sache.

Ce matin, c'est décrochage. J'ai bien intégré les étapes les briefings entendus et réentendus ces jours-ci. Ça ne me pose pas de problèmes particuliers a priori. J'en enchaine trois, guidé à la radio, téléguidé même devrais-je dire, j'ai le regard morne, fixé sur l'horizon et une araignée au plafond. Vers la fin  je me rappelle que je suis censé regarder ma voile. C'est pas grave, j'ai identifié la bascule, la position des mains sur la sellette, le vol arrière, la porte de sortie. « Génial », me pommade l'Hervé comme ce n'est pas son habitude, « tu viens d'en faire trois parfaitement, maintenant, tu peux le faire tout seul je te regarde. » Bon ben, j'ai beau me sentir tout mou, j'y retourne une dernière fois.  

D'abord je ne suis pas symétrique, j'ai beaucoup plus enfoncé à gauche qu'à droite, alors je relève la main pour être au même niveau. Un peu trop peut-être ? La voile part en vrille à plat, sur la droite. Et moi là dessous je suis tout surpris que ça ne se passe pas calmement, tiens d'ailleurs on voit à la vidéo que mes jambes font le ventilateur ; comme personne ne me l'a précisé à la radio, je ne les ai pas repliées, et elle font un beau bras de levier. Lorsque j'ai relevé les mains, la voile s'est arrêtée, elle s'est mise à plonger droit devant, avec la petite cravate qui va bien à gauche, et donc elle engage en 360 à gauche, pendant ce temps que moi je termine mon tour sur la droite sous l'inertie de mes jambes, vous avez suivi ? Moi non, plus je vous rassure, c'est du retour vidéo que je vous donne là. 

Je suis twisté, cravaté, et je suis parti en 360. C'est bien un SIV ici ? Que demande le peuple ? Je me dis que cette fois, ça pourrait bien être la bonne, enfin, la mauvaise. J'entends en radio « Contre à gauche ! » je ne comprends rien mais je le fais comme je peux, tiens, je me détwiste, je me retrouve en 360, et ça c'est une configuration connue, ressource, je temporise l'abattée à la va comme je te pousse. La cravate n'est plus là, je suis en vol droit, il me reste du gaz, l'eau est loin, et je suis en finesse de l'atterro. 

Ça n'a duré qu'entre 15 et 20 secondes et 3 tours d'après la vidéo, mais il ne faut jamais faire confiance aveuglément à la technique, c'était beaucoup plus long que ça. Hervé me propose de revoler, mais non merci. Je suis content, j'ai progressé, j'ai grillé un joker, et à présent, je garde ma paire de 7 dans la poche et je me couche. Je vais filmer les copains, tiens, leur étendre le bord d'attaque, me rendre utile, ça c'est dans mes cordes pour aujourd'hui. 

Conclusion

On s'est bien donné pendant trois jours, j'ai le sentiment d'avoir techniquement progressé et consolidé des acquis, et mentalement, j'étais content de constater que j'avais laissé pas mal d'appréhensions derrière moi, loin là-bas, dans le passé. Je n'étais jamais sorti d'un 360 en chandelle sur axe, je n'avais jamais fait de décrochages, je n'avais jamais été twisté, je n'avais jamais volé si fatigué. Courbaturé de partout, j'ai mis deux jours à m'en remettre. Deux c'est aussi le nombre de ploufs du stage, on peut le dire à ce stade de l'article, le chiffre est ébruité…   


Récit de Karim

Karim pendant un des 11 tours de 360

Pendant longtemps, j'avais appréhendé le stage SIV par le récit des copains comme étant une épreuve difficile mais globalement tous étaient content et le recommandaient.

Ceci dit, je me suis demandé sur le bienfait de la foire du Trône la semaine d'avant le stage SIV, à savoir si cela m'aurait permis d'être mieux préparer physiquement. La question au sein du groupe de stagiaire et avec Hervé restera sans réponse (après tout on s'en fou tant, je me suis surtout bien amusé et j'ai bien flippé ma race :-) !) Ça aura eu le mérite de partager l'idée, pour peu cher de se mettre la tête à l'envers.

Pour ma part avant d'y être, le problème était de faire confiance au moniteur dans la façon dont il me transmettrait l'information (des incidents jamais exécutés, qu'on apprend Jour J). 



Bref jour J, le problème sur le moniteur n'existait plus, pour ma part, tout était clair...
Il subsistait qu'un fond de problème en fin de compte à mes yeux, celui de provoquer soi-même son incident de vol, avec au pire la mort si on se ratait... (ça force à prendre la mesure entre la confiance en soi et l'instinct de survie).


Tant bien que mal, c'est lors du 360 que je me suis lâché complètement (11 tours), le neutre spirale m’a un peu aidé pendant que je tâtonnais sur :" fais chiiiiier, pourquoi ça se passe pas comme prévu" (on se sent bien seul et coupé de tout et de tous croyez moi)... une fois rétabli dans le bon sens, s'est suivi un moment de jeu à l'atterro avec les pieds dans l'eau, l'objectif était de monter sur le talus pour que l'aile ne finisse pas dans l'eau, hélas après 3/4 tentatives,  tout a fini l'eau. "la plume est plus forte que l'épée"…  Les solutions étaient pourtant simples.

Toutefois, le physique et le mental m'ont permis d'avancer  sans aucune souffrance pour affronter les nouvelles journées enrichies par de nouveaux incidents de vols. (vive le sport, en continu :-P !)


Ce stage m'a permis de savoir bien réagir sous ma voile, j’étais content :-). Avant cela, c'était dur de savoir soi-même si je faisais bien tout seul sans me mettre en danger... J'ai "abusé" du mode « autodidacte » trop longtemps sans valider mes acquis par des moyens  traditionnels / conventionnels. Cela me laisse un arrière-goût de j'aurai pu mieux faire pour m'amuser.

Je pense  à présent, qu'il est certes important d'avoir une période d'apprentissage seul, mais qui faut la combiner avec des stages écoles.

Enfin de compte, même si parfois les sensations étaient fortes je me suis bien amusé et Mister Gabet est SUPER !



Récit de Fabien

Fabien en marche arrière pendant le décrochage

En 2011, quand je me suis mis au parapente, j’ai commencé par regarder des vidéo sur internet avant mon premier stage. Grosse erreur, Google m’ayant recommandé je ne sais pas pourquoi les compilations les plus gros sketchs en parapente. Depuis lors, j’ai toujours fait preuve, à mon sens, d’un excès de prudence ce qui à pu à certains moment me faire écourter certains vols, ayant un peu peur de certains phénomènes jusque là non expérimentés. Après quelques années, j’ai donc décidé avec le club de me lancer dans mon premier SIV.

Lors du premier jour, nous commençons par une matinée de présentation et d’explications détaillées. Me voilà rassuré. J’ai déjà expérimenté volontairement des fermetures asymétriques, mais le champ d’exploration de ce qui nous attend est encore grand. Seule inquiétude pour moi, lors d’un test de “réflexe” sous portique pour se rendre compte de notre réaction à la chute d’un côté ou de l’autre de la sellette, je compenserais du mauvais côté.

Ensuite, à partir de l’après midi, nous commençons la pratique, je suis 5ème sur 6 à passer, et ce, sur tout le weekend. Le temps de voir les autres, le temps de cogiter aussi. L’ordre des exercices est simple et clair ; par ordre croissant de complexité, la manoeuvre vue en N nous servira pour en cas de difficulté pendant l’exercice vu en N+1. J’écoute et je note scrupuleusement tout ce qui est expliqué, les gestes à effectuer.

Je réalise en arrivant à l’autorotation 2 choses :

- Mon aile à vraiment du mal à partir en autorotation même après une grosse fermeture asymétrique ; il faudra que j’accélère et me jette sur le côté pour qu’elle parte vraiment.
- Maintenir une fermeture asymétrique, ça fait mal aux mains, j’ai du me bricoler des renforts.

C’est le dimanche après midi que les exercices que je redoute le plus arrivent : d’abord le tangage accentué jusqu'à la grosse fermeture et la petite chute ; mais c’est la sensation que j’aurai préféré, ce petit moment d’apesanteur, avec l’impression de sauter d’une balançoire. Et ensuite les 360 face planète. J’avais déjà testé une fois, et j’avais clairement l’impression de ne plus être totalement en possession de mes moyens pour réagir et sortir de là. Avant chaque passage, je me met à l’écart, et en fermant les yeux, je mime la gestuelle pour les 360 sortie dissipée et les 360 sortie chandelle. Je dois vraiment avoir l’air bizarre vu de l’extérieur ! Sur le premier 360, j’ai eu la même sensation que la dernière fois, ne pas réagir comme il le faudrait, et comme on me le dit en radio. En revoyant la vidéo, je me rends compte qu’Hervé me dit “Met un peu de frein à droite” 3 fois, et je ne le fais pas tellement. Mais sur les deux autres tentatives, c’est mieux. Surtout sur celle en chandelle ou je suis désaxé en sortie, j’hérite d’une cravate, pars en autorotation, et m’en sors tout seul. Ca me rassure, mais je sais que je vais devoir pratiquer encore et encore le 360 pour être à l’aise avec.

Enfin, dernière journée, les piles se sont quand même bien vidées, il y a du travail physique et moral à fournir pendant ces quelques jours. Je découvre le décrochage, mais j’ai du mal dans mes premières tentatives à bien garder l’aile ouverte en marche arrière. Il faudrait que je renforce mes bras je pense. Mais je finis par en faire un que je tiens bien, et je m’arrêterai là, pour ne pas tirer trop sur la corde. 

Deux pilotes auront touché l’eau, heureusement pas pour des raisons d’accident de vol, et le séchage de leur matériel m’a permis de faire quelques photo.

Pour la prochaine fois, parce que j’ai envie d’en refaire un l’an prochain, j’ai l'intention de bien avancer dans le 360, pour ne plus l'appréhender, et peut être même arriver à y prendre plaisir. Mais j’irai faire des tours de manège quelques jours avant pour me faire à la centrifugation. Ca se dit centrifugation ?

Séchage du matériel d'un pilote ayant touché l'eau

 

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