J'étais sensé naviguer jusqu'au 11 aout, mais on a noyé l'ordi du voilier un peu prématurément. Retour à la maison 2 jours avant la date prévue, je fais tourner une machine vite fait et me demande quoi faire de ces 2 jours qui viennent. Dormir était une bonne option, mais un post Facebook attire mon regard. Sylvain, du club Plouézailes, nous informe qu'il y a 2 jours à fort potentiel vers Paimpol le lendemain. Je demande à mon icepeak ce qu'elle en pense mais elle refuse de me répondre, prétextant qu'elle ne parle pas aux lâcheurs... Il faut dire que je l'ai laissé dans son placard depuis 8 mois (au chaud et au sec quand même). Ces deux minces arguments n'ont pas pesés lourd et c'est bien connu, quand on est mis au placard, on est jamais très enclin à reprendre du service.
Sentant quand meme que l'opportunité était belle, plus par intuition d'ailleurs que par une réelle analyse météo, je finis par la persuader que l'on pourrai se bouger sur ce coup. Et comme j'aime bien découvrir de nouveaux paysages en sa compagnie, elle accepte finalement de monter dans ma voiture. Enfin, voiture, ça se discute, vu que pour parcourir les 500km vers Paimpol, j'ai dû étendre mon linge humide dans la voiture, l'équipage ressemblais plutôt à une caravane de Roumains de retour de voyage familial au pays.
Apres une courte nuit au Mans, et ne sachant toujours pas ou se trouvait le déco, Luc, en voisin, me guidera dans les derniers mètres. Sylvain a son casque sur la tete et les autres sont déjà en l'air. Je ne suis pas en avance donc... J'ai quand même pris le temps de faire une vraie prévol de début de saison.
La baie est magnifique, ce n'est pas pour rien que la côte de Goëlo à cette réputation. Mer turquoise, côte de granit bien découpée, l'ile de Bréhat au loin, voilà pour la vue locale.
Je rentre dans mon gps les coordonnées de la Baule, histoire d'avoir un cap et comme dans cet axe c'est le max que l'on puisse faire, au moins je ne manquerai pas d'ambition. Il y a un peu d'air mais pas trop, bien que se soit annoncé forcissant. Le NNW est bien là mais très Nord quand même. Luc me briefe sur les particularités locales pendant que j'avale un 1/2 sandwich et met 2 barres de céréales achetées à la station service dans ma poche.
Je décolle, le geste est sûr, non sans une pointe d'appréhension due à ma longue hibernation.Je suis adepte des très très longues grasses mat'.
Le soaring est facile mais c'est marée haute et l'immense banc de sable à découvert à marée basse et qui fait office de déclencheur à thermiques, est pour l'instant submergé. Sylvain s'extrait en premier, dans un truc moyennement consistant que je n'ose pas dériver. Il me faudra une heure pour sortir et travailler comme un départ en plaine, sans précipitation, en mode "au frein à main", j'assure les pleins sans me presser. Dès le 2eme nuage, alors que la côte est encore toute proche, j'aperçois le dessus des cumulus qui se forment en mer bien plus bas, impression bizarre de différents étagements, moments privilégiés.
j'ai pensé à l'eau, au dessert, à mon accu supplémentaire pour le livetrack, à mon téléphone, gps, et tutti quanti. J'ai mes lunettes de soleil et ma crème indice 50. Ah non, celle là, je l'ai oubliée. Vu les conditions fumantes, les plafs s'enchainent très bien. Je retrouve vite mes marques, la masse d'air est excellente. J'arrive souvent un poil tard dans les cycles, mais il y a de quoi faire, pas de gros pièges. je suis quand même obligé de craber un peu vers l'Est pour éviter Vannes mais ça se passe pas trop mal. Mais mon nez ne va pas résister longtemps à la morsure du soleil, déjà entamé par la navigation à la voiles des jours passés. En faisant l'inventaire de mon cockpit, je déniche une veille chaussette noire dont je me servait pour protéger mes lunettes de soleil un jour que j'avais perdu leur étui. Apres m'être assuré que personne ne pouvait me voir, j'ai coincé les 2 extrémité sous mon casque, et, façon bandidos, couvert mon nez avec la chose. Pourvu que je pense à l'enlever avant de poser !
La suite du vol est facile, je suis impatient d'apercevoir l'océan. Ca sent parfois le cochon, parfois le pin. Il n'y a pas d'oiseaux pour me tenir compagnie à part 2 petits rapaces qui viennent squatter mon thermique. Pas pour longtemps, en fait ils s'en foutent.
Enfin j'aperçois le golf du Morbihan, qui scintille sous le soleil à l'Ouest. Je me dis que l'océan n'est plus très loin.
Ma moyenne est excellente et je vole vite. Le ciel est toujours parfait, pavé de cumulus. Enfin je suis maintenant sûr que je poserai à l'Atlantique. J'arrive à Billiers et me tâte pour traverser l'estuaire de la Vilaine. J'ai du gaz, allons y pour un moment de contemplation rare, les voiliers sous mes pieds et l'océans à l'infini. Il y a des petits thermiques, des bonnes lignes de portance et déjà la baie de pont mahé arrive. Je prend mon pied a survoler la mer. Mon vario s'en ressent mais tant pis, c'est exceptionnel. Je vise la plage de Quimiac, il me reste 300m sous les pieds. En me mettant face au vent, je n'avance plus beaucoup. Mais je retouche un thermique et me décide à continuer un peu. Je survolerai enfin la ville fortifiée de Guerande et poserai avant les immeubles de la Baule.
Zut, j'ai laissé mon cache nez en place mais par chance, il n'y a que 4 chevaux pour me voir et ils m'ont promis de rester discrets...
Manu, qui n'a pas eu la chance de Sylvain, posé non loin d'ici, nous offre une récupe royale inespérée. Je me voyais déjà dormir je ne sais où, un peu à la manière d'Antoine de Maximy.
Un grand merci pour l'accueil chaleureux reçu. La gentillesse de Luc et l'organisation des membres du Plouézailes. Je souhaite à tous de faire un vol comme celui ci un jour.
Ma trace pour info:
http://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/2015/vol/20196167