55 km ou "Annecy-Albertville... des hauts et des bas..."

Pour les jeunes du club : méfiez-vous des "vieux" (bis)...     ;-)

Jeudi 25 juillet, nous sommes en vacances avec Alain et mon fils à Annecy, et avons fait quelques jolis vols dans une aérologie correcte en comparaison des années précédentes... Cela ne durera malheureusement pas...

Mon fils fait ses gammes en montagne et essaye de s'accrocher... patience, il faut du temps pour former un pilote, et j'ai trouvé sa chance inouîe en ce qui concerne la météo et la grande instabilité sans vent rencontrés lors de ses premiers vols en montagne au printemps à Allevard...


Ces jours-ci, l'instabilité est plutôt bonne, même si les plafonds ne sont pas au rendez-vous...
Avec Alain, on a fait un hors d'oeuvre sympa avec Sous-Dine (Pointe de la Dent) et retour, soit 42 km, parcours inconnu pour nous.
Jean-François vient de faire hier sa première traversée du lac... émerveillé par le point de vue... Ca fait plaisir au coeur d'un père !

Aujourd'hui, les plafonds ne seront pas hauts, et il faudra encore attendre que l'inévitable inversion pète...
Avec les nouvelles règles concernant les décos et attéros, nous avons pris l'habitude de monter à Planfait, délaissant Montmin réaménagé, mais moins facile d'accès...
Par ailleurs, cette année, nous nous extrayons assez facilement de Planfait... enfin, quand on ne part pas trop tôt... et puis, Jean-François apprend à voler dans la meute...

Donc, nous voilà partis en transition sur le Roc des Boeufs pour la 3e fois... la 2e pour JF...
Alain ne traîne pas et a déjà 5 mn d'avance... Je fais des photos de JF sur fond de lac... je les pense réussies.
Je surveille mon fils et nous peinons à passer la première ligne, avec un groupe... Alain l'a déjà passée...
Nous allons buter un long moment à cet endroit... montant péniblement 50 m que nous reperdons aussitôt...
Je passe de justesse, en jouant un peu en wing-overs au-dessus de la ligne... j'ai la chance de trouver une queue de thermique de l'autre côté qui me permet de prendre 100m... ouf... sauvé !
Impatient, après 1/2h d'efforts, JF force le passage malgré ma mise en garde... la sanction tombe de suite : le grand tour... et retour à la case départ... Il recommence l'ascension du Roc des Boeufs à son pied...

Pendant ce temps, Alain est au sommet, et enroule comme un fou sous le nuage...

J'annonce que je le rejoins, tout en surveillant JF qui est revenu à la 1ére ligne...
Plafond pour Alain, 2éme ligne pour moi.

Cela va durer un bon moment encore... et Alain partira dans les Bauges, moi, je fais des navettes entre le sommet et le nuage (2200 m) en attendant mon fils...
Au bout de 3 allers-retours, je vois JF qui se fait descendre méchant... quelques-uns des attardés sont passés de justesse... pas donné le Roc des boeufs aujourd'hui...
Il annonce "- Vaché, tout va bien...", j'apprendrais plus tard qu'il a été obligé de poser vent de cul à contrepente, n'ayant pas pu poser dans la pente trop forte qui se dérobait sous ses pieds, jusqu'à se retrouver bloqué par une ligne...

Me voilà libre d'avancer : re-plafond et je m'engage vers le Charbon, et j'espère me refaire sur les falaises du Trélod...
Horreur... je me fais descendre comme jamais vu à cet endroit...! J'arrive par-dessous à la Dent de Pleuven, et bien sûr... plouf !
J'annonce à la radio que je suis à radada et que sauf miracle... je vais me poser à La Compôte...
Alain me répond que pour sa part, il est "sur la montagne à droite en bout du Roc des Boeufs"... !!!
Je lui dis pour l'avoir fait en compet l'année dernière, qu'il s'agit du Margeriaz et que la remontée est longue... Bonne route !

Me voici à 150 m/sol sur la petite falaise au-dessus de La Compôte... Un petit thermique est là, bien sympathique... ouf... la plongée vertigineuse s'arrête enfin...!
Pourvu que ce ne soit pas qu'une pause... Néanmoins, au fond de moi, je doute fortement que cette petite falaise me permette de repartir de si bas et remonter les 800 m perdus si facilement...!
Je m'applique dans du 0,6-0,8 au début, je prends facilement 100 m, encourageant... je persiste... 1,3-1,8 m/s... et, à mon grand étonnement, çà suit... 2 m/s régulier...
Je lève la tête : y a même un nuage en vue maintenant... courage ! Je m'applique encore mieux et je "visualise" la colonne thermique du sol au nuage... j'optimise, du moins, je me plais à le croire... ;O)
2500 m : Nuage !
Aussitôt, j'annonce que je reprends mon vol vers l'Arclusaz... Alain cherche à inventer un nouveau parcours Margeriaz-envers du Revard (que des locaux ont sûrement déjà balisé... lol).

2500 m au milieu des Bauges, l'"Arcluse" ne sera qu'une formalité... je fais pas plus de 3 tours sur l'arête sommitale...
Demi-tour : ERREUR ! Tu es déjà trop loin, Dominique...! Impossible de retourner... je n'ai pas envie de me faire à nouveau descendre face à la brise et galérer pour le retour...

Décidément, je ne le ferais jamais, ce retour ?
Soit, je m'engage pour la enième fois dans la combe de Savoie...

J'en sais ce que Pierrot (le DTE de Pégase-Particule) m'en a dit : "- Tous les crosseurs posent dans la Vallée des Huiles, pas un ne passe"...
Or, ce jour-là, que vois-je en pleine combe de Savoie ? : 1 parapente un peu au sud de Chamoux et à environ 1600m, et 2 autres en-dessous, vers 1200m qui enroulent... et qui montent... !
Je me dis : bon, tout n'est peut-être pas perdu, allons déjà au-dessus de cette friche qui semble pomper, on verra après...

Pour une fois, ca porte pas trop mal en combe de Savoie... en trajet, je réfléchis à la suite, puisque mes lièvres montent...
L'alternative est simple ici : au nord ou au sud : c'est-à dire, Chamoux-Grand Arc (et après ?) ou bien Chaîne des Huiles-Valpelouse-Allevard ?
Je suis bien indécis... je le suis encore quand je me mets à enrouler la pompe délaissée par mes prédecesseurs (d'ailleurs, où sont-ils passés ?)
Je suppose qu'ils ont dû rallier le sommet de Chamoux, car je ne vois personne plus haut que moi dans les alentours...
Je me garde donc bien de faire cette erreur et m'applique à enrouler cette bonne pompe...!
Incroyable, j'y arrive vers 1400 m et ca monte à 2,5 m/s en pleine Combe de Savoie... Ca fume...! Le nuage au-dessus est bientôt là, et ca commence à cailler sérieux : je regarde l'alti : 2200 m ! Je regarde le sol : je suis juste à la verticale de l'atterro de Chamoux -tout petit- (1900 m de gaz)! Insolite... !!!

Bien, maintenant faut se décider !
J'hésite peu, me remémorant les paroles de mon pote Pierrot, et ne voulant pas, de plus, trop rallonger la récupe pour mon fils, qui devra venir me chercher après son stop perso...!

Me voilà donc parti vers le nord... tiens, moi aussi j'innove, pensé-je : non seulement je vais au nord par flux de nord (sic !), mais en plus, je ne passe pas par le sommet (déco) de Chamoux !
Il faut dire que j'ai remarqué que ça charge un max, très très noir au dessus du Grand Arc et en Maurienne... donc, je me fixe un itinéraire en direction, mais à distance respectueuse...
A l'approche du Grand Arc, je ressens l'influence du nuage mais veille à monter modérément, en gardant toujours la large marge que je me suis fixée...
Je passe, quelques km plus loin au niveau du déco du chalet de l'Ebaudiaz (1800 m environ), sur lequel sont étalées quelques voiles, et leurs pilotes bien dubitatifs sous ce gros nuage... L'un d'eux décollera après mon passage ascendant... modéré.

Je suis toujours dans les 1800 m et suis de plus en plus embêté par ce que je vois devant moi : Albertville, et surtout après, la route droite, la vallée qui se resserre vers Ugine... Ce secteur je le connais un peu... il ne me dit rien qui vaille avec ces conditions... je crains le couloir de vent, et je crois que les poses ne doivent pas y être légion : je ne vois que des usines et chantiers d'ici...
Sans compter les 2 entrées de vallées à droite que je devrais traverser... la Maurienne et ses pylônes haute tension, et le Beaufortain.
J'abandonne vite l'idée de tenter par le col de Tamié, l'autre versant étant on ne peut plus plat..., quant à passer par le plateau à gauche au-dessus d'Albertville, je juge que c'est reculer pour mieux sauter, car derrière, c'est le couloir d'Ugine, encore pire...
Non, décidément, je me trouve toutes les bonnes raisons d'arrêter là... : j'ai engrangé des bornes, et ca devient de plus en plus craignos... l'instabilité s'est vraiment renforcée dans le secteur...

Bon, allez, ça fait bientôt 4h que je suis en l'air, et les conditions sont pas tip-top en cette fin d'après-midi... c'est décidé je me pose au plus près d'Albertville.
Allez, c'est parti pour 1500 m de descente... je me ravise bien vite après 500 m à donf : ca brasse trop au fur et à mesure de ma descente pour bien garder mon rayon de virage régulier en 3-6 : attention maximum requise, et c'est épuisant nerveusement !

Je finis aux oreilles (la Simba déteste ça) et à l'accélérateur... à -2,5 m/s :interminable... J'ai les doigts sciés par les suspentes... qu'est-ce que ça doit être avec des suspentes fines !
Je finis par poser difficilement (grosses bulles) dans un champ en bordure de route au plus près d'Albertville... pas si facile avec ces voiles modernes qui allongent comme c'est pas permis...
Je me déshabille aussitôt : je brûle littéralement à cette altitude sous ce soleil de plomb !

Point fait, je suis à Grignon, en face du terrain de foot... bilan : 55 km en 4h20 de vol.
Je prends un bain de soleil bien mérité après ces épreuves qui m'ont épuisé...

Mon fils viendra me prendre une heure plus tard...
J'étais à même pas 500 m du rond-point sud d'Albertville, entrée de la voie rapide !

Moralité de ce vol avec des hauts et des bas : quand c'est cyclique, s'accrocher en attendant le prochain train... ETRE PATIENT semble être le secret !
Cela dit, l'instabilité a gagné tout au long de la journée, c'est indéniable... en tous cas je n'avais jamais vu de telles conditions en Combe de Savoie...!

Dominique
( 48 ans... depuis 1 mois... ;-)

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